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Marie-Hélène

Thomas Bramerie – « Side Stories »


« Side Stories », l’album de Thomas Bramerie est sorti depuis quelques mois. Sur ce disque, Tomas Bramerie est accompagné par les très talentueux Carl-Henri Morisset et Elie-Martin Charrière. Il a également invité plusieurs grands musiciens à jouer sur certains titres. Après l’avoir écouté, nous avons eu envie d’en savoir plus sur son parcours et sur cet album.


FilZik: Comment la musique est arrivée dans votre vie ? Thomas Bramerie: C’est un peu une affaire familiale. Ma maman à toujours joué de la guitare mais aussi chanté. Elle a fait partie de ce qu’on appelait les chanteurs engagés occitans. On est du sud, et à l’époque, dans les années 60-70 elle a enregistré des disques sans être professionnel. J’ai commencé à jouer de la guitare avec elle. Et mon père était passionné de jazz et en écoutait beaucoup à la maison.


FilZik: En faire un métier, ça a été une évidence ? Thomas Bramerie: Oui, on pourrait le dire comme ça. C’est comme si la question ne s’était jamais posée. Je suis tombé très tôt dans un milieu musical professionnel, et suis devenu professionnel presque sans que ça soit un choix. La musique est venue vers moi, et j’ai pu assez rapidement commencer à en vivre en faisant des concerts.


FilZik: À moment, vous avez fait le choix de partir à New-York. Qu’est ce qui vous a poussé à y aller ? Thomas Bramerie: Dans le sud, j’ai commencé à rencontrer des musiciens qui jouaient à Paris, et je me suis dit que ça devait être très stimulant d’aller à Paris pour voir ce qui s’y passe. Donc je suis monté à Paris, et à Paris, j’ai rencontré beaucoup de musiciens américains qui m’ont dit que je devrais aller voir ce qu’il se passe à New York ! Effectivement, on est obligé de reconnaître que le jazz est une musique américaine, et c’est vraiment à New York que ça se passe. C’est un carrefour mondial du jazz. On y rencontre en permanence de très nombreux musiciens de très haut niveau. Donc j’ai voulu me rapprocher de la musique de jazz, de là où elle vivait et là où était son histoire. À New York, c’est là que se rencontrent l’histoire du jazz et le présent du jazz. C’est ce que j’ai voulu vivre, et j’y suis resté 11 ans. Ça a été passionnant.


FilZik: Quelle est la différence entre le milieu du jazz ici et le milieu du jazz là-bas ? Thomas Bramerie: Il y a une différence d’approche que j’ai constaté. En France et en Europe, il y a un espèce de questionnement sur ce qu’est le jazz et quelle est notre légitimité à nous musiciens français européen à jouer du jazz. Ce n’est pas du tout le cas aux Etats-Unis. Jamais un musicien là-bas ne va se poser la question de ce qu’est le jazz. C’est comme si l’histoire de cette musique était une évidence pour eux. Aux États-Unis, si vous jouez du jazz et que vous connaissez l’histoire du jazz, vous êtes un musicien de jazz. La question de noir blanc ou américain européen ne se pose pas. Vous êtes un bon musicien, vous jouez avec des bons musiciens, et tout se passe bien.



FilZik: Quelle vision avez-vous aujourd’hui de l’évolution de la musique ? Thomas Bramerie: Ce que je ressens, surtout pour le jazz, c’est qu’il n’y a pas d’autre option que la musique vivante, c’est-à-dire les concerts. À l’heure actuelle, il est très facile pour tout le monde d’accéder à de la musique gratuite par internet, et le disque ne se vend plus beaucoup. Dans le disque « Side Stories », il y a un livret avec des textes. J’en parle dedans. Notre musique, on la vit au moment où on la joue. C’est vraiment une musique vivante. Donc il faut qu’on continue à faire des concerts et à créer une musique live. Le jazz, c’est une approche de relation entre les musiciens, de dialogue entre nous qui née, et qui n’existe que sur scène au moment où on la joue, même si on a préparé quelque chose avant à la maison. On demande de plus en plus à la musique d’être rentable. La musique en soi ne peut pas être rentable. Ce qu’on fait est à l’opposé du concept de rentabilité. Continuer à être musicien et créatif, ça devient difficile à cause de tout ça.


FilZik: Quelle est l’histoire de « Side Story » ? Thomas Bramerie: Depuis 30 ans, je suis sidman. J’accompagne d’autres musiciens. En tant que sideman, j’ai eu l’opportunité de jouer avec beaucoup de très grands musiciens. Du coup, au niveau de ma satisfaction musicale personnelle, j’étais entièrement satisfait. Je ne ressentais pas particulièrement le besoin de faire plus. Ça a juste été une proposition que m’ont fait des amis. C’était comme un cadeau, que j’ai accepté volontiers. Par contre, ce que j’ai eu envie de mettre en mots ce que je ressentais profondément sur certains aspects de la musique. Quand le label Jazz Eleven a su que j’avais la possibilité d’enregistrer un disque et l’envie d’écrire des textes, ils ont beaucoup aimé le concept et m’ont permis de faire ce CD-livre. J’ai aussi eu la chance d’amis des amis fantastiques qui ont accepté de venir jouer sur le disque.


FilZik: Ce disque a été enregistré en conditions live ? Thomas Bramerie: Oui, c’est ce qui se passe la plupart du temps dans le jazz. On est tous ensemble dans la même pièce ou avec des paravents qui nous séparent mais au moins on se voit, et on enregistre tout en même temps. Avec la musique classique, c’est peut-être une des seules musiques où c’est encore comme ça que ça se passe. Le jazz, c’est une musique de communication et de dialogue entre les musiciens. On fait plusieurs prises entières, et on choisit celle qu’on préfère pour le disque.


FilZik: Quelle serait votre définition de la musique ? Thomas Bramerie: Dans le livret du disque, il y a un des textes où je parle de ça. Il s’appelle « la musique ne sert à rien ». J’explique que nous ne faisons pas de la musique pour une raison quelconque ou avec un but. Au moment où nous faisons de la musique, d’une certaine façon tout le reste disparaît. On a plus vraiment de notion de passé ou de futur. C’est le cas dans toutes les musiques mais particulièrement dans le jazz, c’est vraiment l’instant présent. Nous musiciens, nous nous sentons pleinement vivant à ce moment-là. Voilà ce qu’est la musique, être totalement vivant au moment où nous jouons.


Site internet : www.thomasbramerie.com


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