On vous a déjà posé quelques questions en avril dernier, suite à la sortie de votre album “Avec son frère” au moment du confinement. Vous avez quand même réussi à faire quelques concerts ces derniers mois. Comment ça s’est passé ?
On a réussi à faire quelques concerts fin août dans des configurations “plein air”, donc c’était plus facile pour mettre en place les mesures adéquates. Puis on a aussi réussi à faire 2 ou 3 concerts en septembre – octobre. On avait prévu une tournée dans des grosses villes en France pour célébrer la sortie de notre 6ème album studio et pour rencontrer notre public et les gens qui auraient la gentillesse de venir nous voir. Du coup, cette tournée, on l’avait déjà décalée à l’automne, et on l’a à nouveau décalé au printemps 2021. Il nous reste des dates en décembre. Pour l’instant on n’a pas annoncé qu’elles étaient annulées. On attend, mais il n’y a pas de raison que les choses se règlent si vite. Tout l’hiver dernier, on était dans un super programme d’intervention scolaire avec la communauté de communes du Val de l’Aisne. On a presque réussi à finir, donc on aimerait bien réussir à finir ça en décembre, mais pour l’instant c’est suspendu aussi.
Qu’est-ce que vous faites avec ce programme ?
Pour faire ça dans l’ordre, il y a quelques années on a commencé à animer un atelier de chansons avec un MJC. On s’adressait à un public amateur, qui voulait faire l’exercice avec nous sur ce que c’est que d’écrire des chansons. Du coup, les personnes qui sont en charge des activités culturelles du groupement de communes du Val de l’Aisne sont entrées en contact avec nous suite à ça pour savoir si on était intéressé par faire des chansons avec des scolaires, en l’occurrence avec des élémentaires et des collèges. Pas du tout dans les mêmes conditions de temps et de préparation. Ça fait sens pour nous de partager cet exercice-là et de rencontrer un public qui n’est pas forcément celui qui remplit nos salles. En termes d’intérêt pédagogique, se retrouver dans une classe, de montrer à des enfants qu’il y a un chemin d’expression qui s’appelle l’écriture, ça nous a intéressé.
Comment ça s’est passé les concerts “masqués” ?
C’était sympa parce qu’on était content de revenir sur scène et qu’on a un public bienveillant. La période est étrange, mais pas faire un spectacle. Les gens ont des masques, on ne voit pas forcément leurs expressions, mais les chansons de Volo ne provoquent pas forcément des expressions extrêmement extrêmes. Ce n’était pas gênant. C’était plutôt agréable de rejouer. Pour être honnête, pour moi c’était plus étrange de faire des concerts en livestream comme on l’a fait pendant le 1er confinement sur notre page Facebook. C’était sympa, mais étrange. En ce moment, on est obligé d’avoir la réflexion de “Qu’est ce qu’il faut qu’on invente comme autre façon de partager ça ? ”. Les artistes essaient de réinventer leur métier. Moi, je ne sais pas faire autrement que de faire des chansons devant des gens dans un lieu précis qui s’appelle une salle de spectacle, un café-concert, une médiathèque… Mon métier, c’est ça.
Comment avez-vous réussi à faire vivre cet album ces derniers mois ?
Évidemment, c’est compliqué. Merci aux médias sympas qui nous apportent leur soutien et leur intérêt. À une période, Volo avait plus d’intérêt des médias, comme des radios nationales. Forcément ça porte plus ton projet. Mais le fait qu’on a sorti notre album sans attente particulière de médias ou de partenaires n’a rien à voir avec la crise sanitaire. C’était déjà le cas de l’album précédent.
Comment as-tu “occupé” cette année avec peu de concerts ?
Pour certains artistes, la période a été très propice à la création. Moi, il me faut un long temps de digestion. Je suis assez laborieux. C’est une période que j’ai plutôt subite. J’ai la chance d’être papa de jeunes enfants. Donc au premier confinement il y avait une belle activité à la maison qui remplissait bien le temps. Mais j’ai plutôt été abasourdi par la période. Après, on se nourrit comme on peut de plein de choses. S’il y a quelque chose qui ressortira artistiquement de tout ça, ça ne sera de toute façon pas maintenant, et je ne suis pas sûr de vouloir porter quelque témoignage que ce soit.
Tu fais beaucoup de musique en ce moment ou pas forcément ?
Pas forcément. C’est plutôt de l’écriture et un petit peu de réflexion. On est dans un moment un peu vertigineux. Les élections américaines… On va de choses sérieuses en choses sérieuses.
Vous avez sorti en octobre le clip du titre « Joséphine ». Peux-tu nous parler de cette chanson (d’amour d’un père à sa fille) que tu as écrite ?
Ma fille s’appelle Joséphine. C’est une chanson de papa à sa petite fille. Avec Fredo, on s’est dit que c’était sympa de la partager parce qu’on trouvait qu’il y a une référence à Bashung qui est sympathique et qu’il y a un intérêt à partager ce message d’amour. Il y a un réalisateur canadien qu’on avait rencontré furtivement et avec qui on avait sympathisé, qui nous a proposé quand l’album est sorti, de faire un clip sur cette chanson parce qu’elle lui plaisait. Quand tu as quelqu’un qui te dit ça, c’est parfait. Au départ, ce n’était pas du tout prévu comme ça. On avait l’idée qu’on apparaisse dans le clip. On trouvait ça mignon que ma fille apparaisse dedans, mais on se posait la question de savoir si on la montrait ou non dans un clip, même si on trouvait l’idée sympa. Crise sanitaire oblige, le réalisateur canadien était coincé au Canada. Il a fallu qu’on trouve une autre façon de raconter l’histoire. Du coup, Fabrice-Édouard La Roche-Francoeur est revenu vers nous avec cette histoire-là où on se projette beaucoup plus tard et on raconte un moment d’une jeune fille, bientôt jeune femme, cet espèce d’âge un petit peu difficile pour les ados. On ne sait pas trop ce qui lui arrive, mais on a trouvé que l’histoire était touchante. C’était un axe sympa pour raconter cette chanson-là d’une façon un peu différente.
Comment voyez-vous les prochains mois et quels sont vos projets pour 2021 ?
Avec Fredo, il va falloir qu’on réfléchisse à ce qu’on peut faire pour défendre cet album et ce spectacle-là. On va faire comme tout le monde, on va attendre de voir ce qui se passe. On a encore des concerts de prévus en décembre. On va se préparer à les faire, et aussi se préparer au fait qu’on ne puisse pas les faire. C’est difficile de se projeter.
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