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  • Marie-Hélène

Léo Lacan – « J’aime la surprise provoquée par un accord inattendu ou une dissonance »


Après avoir sorti les titres « I Wish I Knew More » et « Inside This Love Affair », Léo Lacan prépare son 1er album solo. Rencontre avec un artiste aux divers talents, dont la démarche et la personnalité promettent un très bel album à venir.


Vous faites de la musique depuis votre adolescence. Quels sont vos premiers souvenirs de musique ? À l’époque où j’étais adolescent la mode était au punk-rock californien et je n’y ai pas échappé même si je vivais dans une toute petite ville du centre de la France. Je pense que mes premiers souvenirs musicaux marquants doivent être autour de la télévision branchée sur MTV à écouter de la musique américaine sur des vidéos de skateboard.


Qu’est ce qui vous a donné envie d’être multi-instrumentiste plutôt que de vous consacrer particulièrement à un instrument ? Paradoxalement je pense que c’est parce que je n’ai pas assez de volonté pour vraiment maîtriser un instrument au point de devenir un virtuose ou un soliste. Le fait de jouer plusieurs instruments est la manière que j’ai trouvé pour enrichir ma palette sonore sans avoir à faire des années de conservatoire. De plus puisque j’enregistre mes chansons tout seul à la maison, le fait de pouvoir enregistrer moi-même une ligne de basse ou de clavier simplifie beaucoup le workflow et me permet de jongler d’une idée à l’autre très rapidement.


Quels sont les instruments dont vous jouez, et qu’est-ce que vous aimez / recherchez chez chacun ? J’ai commencé par la guitare. J’aime le fait que l’on puisse rapidement apprendre à gratter quelques accords et commencer à s’accompagner pour chanter. Le chant est venu dès le début. Je ne sais pas trop pourquoi mais dès mon premier groupe je suis devenu chanteur alors que je n’y connaissais vraiment rien. La guitare m’a permis de me découvrir chanteur. Ados, nous répétions énormément avec mon groupe d’amis. Il n’était pas rare que l’on se prête nos instruments pour s’amuser. J’ai découvert la batterie et la basse de cette manière-là. Plus tard est venu le piano. Et c’est vraiment avec cet instrument que j’ai compris que la musique pouvait être faite d’autres choses que de simples accords de triade et qu’il existait un monde harmonique infiniment riche. C’est à cette période que je me suis intéressé plus sérieusement à la musique classique et au jazz, notamment via des compositeurs qui avaient un vrai langage harmonique (Claude Debussy, Miles Davis, Olivier Messiaen, Thelonious Monk…). C’est le piano qui m’a ouvert à ce monde et c’est à ce type de musique auquel j’aspire le plus aujourd’hui.


Après plusieurs années dans différents groupes, pourquoi avez vous décider de vous lancer dans un projet solo en 2019 ? Je n’avais plus de groupe à ce moment-là mais j’avais toujours envie d’écrire de la musique. J’ai commencé à enregistrer des choses dans mon salon juste pour le plaisir. Progressivement le challenge d’écrire un premier disque seul m’est venu et ne m’a pas lâché. C’est un exercice qui est très différent du travail à plusieurs. Il y a d’un côté une forme de liberté qui est assez grisante mais de l’autre on manque aussi souvent de recul.


Votre premier album est prévu pour cette année. Malgré la situation actuelle, cela ne vous a pas empêché de finir de le préparer ? Quand est prévue la sortie ? Je recherche un label en ce moment. Le disque est déjà bien avancé, je voudrais maintenant trouver le bon partenaire pour m’aider à le terminer et à le sortir. Quant à la situation actuelle elle n’a pas vraiment affecté mon processus de création car je fais tout depuis chez moi dans mon home-studio.


Pouvez-vous déjà nous en parler ? Que représente ce premier album solo pour vous ? Ce sera un album bilingue anglais/français, ce qui est assez nouveau pour moi car tous mes projets précédents étaient exclusivement en anglais. Stylistiquement ce sera à la frontière entre le rock indépendant et la musique folk avec un soin particulier apporté aux mélodies et la production. Je prends ce premier album solo très au sérieux et je fais de mon mieux pour pouvoir en être fier. Je pense que c’est le projet sur lequel j’ai passé le plus d’heures de travail jusqu’à présent. Le fait de tout faire seul prend aussi plus de temps. Mais c’est une fierté pour moi de voir tout ça se mettre en place petit à petit.

Deux titres sont déjà disponible

s « I Wish I Knew More » et « Inside This Love Affair ». On y découvre un artiste avec un univers musical avec une très belle identité. Qu’est ce qui vous inspire votre musique ? J’aime les suites d’accords qui sortent de l’ordinaire. Je passe beaucoup de temps à chercher des subtilités harmoniques qui soient à la fois originales sans être trop ésotériques. Ce n’est pas toujours évident. Les musiques qui me touchent le plus sont celles qui possèdent une singularité dans le langage harmonique et mélodique. J’aime la surprise provoquée par un accord inattendu ou une dissonance qui ouvre l’horizon mélodique d’une chanson, ça provoque quelque chose de physique chez moi. Lorsque je compose j’essaie de rechercher cette même sensation physique. Pour les arrangements j’aime aussi utiliser des sons inattendus ou des mariages de sons que l’on n’a pas trop l’habitude d’entendre. Je suis un grand admirateur du travail d’arrangeur d’artistes comme Brian Wilson ou Radiohead. Leur manière de mettre en son leur musique m’inspire énormément. J’ai parfois le sentiment qu’ils inventent un nouveau style de musique avec chacune de leurs chansons. Mais finalement ce que j’aime le plus ce sont les chansons. J’aime le format d’une chanson. J’aime écouter la voix humaine s’exprimer au-dessus d’un bel arrangement. Je regardais un documentaire sur la Motown récemment dans lequel Berry Gordy explique que ce qu’il aime par-dessus tout ce sont les grandes chansons, celles qui vous transportent et vous prennent aux tripes. Je pense partager cette même passion.


Vous dites sur votre site être fasciné par le processus d’enregistrement. Qu’est-ce que vous aimez dans ce travail ? Pour moi c’est de l’ordre du magique. J’ai beau m’intéresser à cela depuis longtemps et avoir beaucoup lu et expérimenté sur le sujet c’est toujours irréel pour moi de penser que l’on puisse capturer du son grâce à des processus électrique. Je trouve cela très émouvant. Pouvoir passer une ligne de basse dans un compresseur, mettre un delay sur une voix, passer une prise de batterie dans un ampli guitare ; c’est un vrai terrain de jeu, tout est possible. J’aime tout autant jouer de la musique que l’enregistrer et la mixer. Au fond je ne sépare pas vraiment le processus d’écriture du processus d’enregistrement. Dans ma pratique tout cela dialogue sans cesse et fait des allers-retours. J’enregistre très rapidement les premières idées qui me viennent et je commence à broder autour sur mon ordinateur. Nous vivons une époque incroyable où le home-studio nous permet cela. C’est quand même incroyable de pouvoir faire tout ça en pantoufle dans son salon, c’est un vrai bonheur pour moi. Beaucoup de producteurs m’influencent. Pour en citer quelques-uns : Brian Eno, Nigel Godrich, Dr Dre, Adam Granduciel. Ce sont parfois des gens de l’ombre mais souvent de vrais génies.


Avez-vous prévu des concerts dans les prochains mois ? Après la sortie de l’album ? Je cherche des partenaires et notamment un tourneur pour m’aider à organiser des dates. Je ne sais pas comment nous nous sortirons de la situation actuelle ni comment nous vivrons la musique live ces prochains mois. Quoi qu’il en soit je développe un format hybride pour le live qui me permettra soit de jouer seul avec des machines soit avec d’autres musiciens en fonction des dates.


On découvre sur votre site que vous êtes également photographe et réalisateur. Qu’est ce qui vous attire vers chacune de ces formes d’art ?

Je travaille essentiellement dans la vidéo en tant que réalisateur et chef opérateur. C’est mon activité professionnelle principale, même si elle est venue après la musique. C’est pour moi une forme d’art très musicale. À la manière de la musique la vidéo s’inscrit dans le temps et s’enregistre. Il y a pour moi beaucoup de similitude entre vidéo et musique. On parle de rythme, de couleur, de dynamique, ce sont des termes communs à ces deux mondes. J’écoute beaucoup de musique quand je travaille sur un projet vidéo et je regarde beaucoup de films aussi quand je travaille sur ma musique. Mes recherches et mes questionnements se mélangent souvent et font parfois naître des idées hybrides. Je dirais que mon travail de vidéaste alimente ma créativité musicale et vice versa.


Quels sont les artistes (de tous les arts) qui vous ont pour l’instant le plus marqués ? Il y en a tellement et qui m’ont marqué et à différentes époques de ma vie. Mais j’ai quand même des classiques qui ne varient pas et vers qui je reviens inlassablement, des indétrônables. Les artistes qui me touchent le plus sont ceux qui ont un vrai langage et une singularité tant dans la forme que dans le fond. Pour rester dans le thème du cinéma et de la musique, je pourrais citer pour la musique David Bowie, George Harrison, Radiohead, Fleet Foxes, Serge Gainsbourg, Bob Dylan, Kendrick Lamar ; et pour le cinéma Paul Thomas Anderson, Roger Deakins, Leos Carax, Terrence Malick, Andreï Tarkovski.


Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Continuer à peaufiner mon album tout en recherchant des partenaires. Avec le déconfinement les tournages vont reprendre aussi et devraient me tenir occupé. Et je suis aussi en train d’écrire le script d’un long-métrage, c’est encore au stade embryonnaire, on verra bien comment ça avance. C’est un sacré boulot ça aussi.



Site internet: www.leolacan.com/music

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